Transcription de la chronique quotidienne d’Anne-Laure Barral :
– Question ce matin (13 février 2020) : quelles alternatives après l’abandon du projet EuropaCity ? Il y a trois mois, le gouvernement annonce l’annulation de la construction de ce centre commercial au nord de Paris. Et aujourd’hui un nouveau projet commence à se faire connaître.
– Oui, il s’agit du projet CARMA.
Alors ça n’a rien à voir avec le bouddhisme. C’est l’acronyme de Coopération pour une Ambition agricole Rurale et Métropolitaine d’Avenir.
En gros, un projet monté par un collectif de soixante-dix très sérieux ingénieurs, urbanistes, agronomes, pour profiter des 700 hectares de terres fertiles situées dans ce triangle de Gonesse du Val d’Oise.
– Et concrètement, qu’est-ce qu’ils veulent faire sur ces terres ?
– CARMA veut être un lieu en fait d’expérimentation du maraîchage bio, de l’horticulture, de l’élevage non intensif. Et la proximité avec les urbains n’est pas un problème. Cela créerait même un cercle vertueux avec une partie de leurs déchets alimentaires et verts utilisés comme compost sur ce site.
Un projet en totale cohérence avec l’objectif de la France de faire 50% de produits bio et en circuits courts, par exemple dans les cantines scolaires. Un projet de ceinture alimentaire comme il en existe à Milan, à Montréal.
Mais CARMA ne pourra pas fournir à lui tout seul toute cette nourriture.
Ce serait donc aussi un lieu de formation en agro-écologie, pour tous ceux qui en France voudraient faire la même chose, en liant plus directement les champs et les villes. Le projet veut aussi reconnecter les habitants du Val d’Oise à la nature et leur proposer des sentiers de randonnée.
– Et ce projet, il pourrait créer combien d’emplois ?
– Eh bien ses promoteurs ne le savent pas … ils n’ont pas, oui, de belle plaquette publicitaire comme EuropaCity, qui promettait plus de 3000 emplois. Du coup sur place on les regarde un peu de travers. On se demande s’ils sont sérieux. Les élus eux sont toujours fâchés par la décision du gouvernement. Les agriculteurs locaux n’ont pas très envie d’abandonner les cultures conventionnelles. Et soyons honnêtes, les jeunes au chômage du Val d’Oise ne rêvent pas tous de devenir maraîchers bio.
Mais les choses sont en train de changer. Une réunion à Villiers-le-Bel a réuni une centaine de personnes, dont des pépiniéristes locaux, des associations de quartier défavorisé. Après les municipales, CARMA fera son assemblée générale le 22 mars et d’autres rencontres dans le Val d’Oise, pour pousser ceux qui là-bas souhaitent s’emparer de ce projet.
Le « Non à Europacity » est en train de se transformer en un « Oui aux Terres de Gonesse ».