Le projet CARMA (Coopération pour une Ambition agricole, Rurale et Métropolitaine d’Avenir) a démarré fin 2016 à l’occasion de l’appel à projets « Inventons la métropole du Grand Paris » , sur un site de 15 hectares situé à l’intérieur du Triangle de Gonesse. Notre groupement, qui s’inscrit dans le cadre de l’Economie Sociale et Solidaire, a été incité par de nombreux partenaires à poursuivre cette action et à lui donner toute sa dimension : un projet-phare de transition écologique pour le Triangle de Gonesse et les communes environnantes, dans le bassin du Grand Roissy.
Le projet s’est développé sur les 670 hectares de terres fertiles du Triangle de Gonesse, les terres agricoles les plus proches de Paris, à seulement 15 kilomètres de son centre, en proposant la mise en place d’une démarche exemplaire au bénéfice du territoire, pour un cycle alimentaire sain et durable. La priorité est de répondre aux besoins des habitants du territoire.
CARMA rassemble des bénévoles, professionnels de l’aménagement du territoire : ingénieurs agronomes, architectes, urbanistes, paysagistes, chercheurs.
Son objectif est de réaliser un projet au service des habitants, qui s’appuie sur les perspectives prometteuses de l’agriculture péri-urbaine et urbaine et de la création d’activités liées à la transition écologique.
Le Triangle de Gonesse entre deux aéroports et au milieu d’un espace urbain majoritairement mono-fonctionnel et peu dense
Les origines du projet
- L’artificialisation des terres agricoles se poursuit: en France elle engloutit l’équivalent d’un département tous les 7 ans. Les projets de bétonisation sont en général peu denses et les terres transformées sont ensuite perdues pour l’agriculture.
- Les terres agricoles sont considérées à tort comme des «espaces vides», démontrant le peu de considération accordée à l’agriculture, pourtant à l’origine de la richesse de notre pays, de ses paysages, de sa culture et de sa beauté.
- La COP21 tenue au Bourget fin 2015 a souligné le rôle prépondérant de l’artificialisation des terres dans le processus de réchauffement climatique. Dans nos villes une nature entretenue contribuerait à réguler les températures et à limiter la pollution de l’air et de l’eau.
- L’étalement urbain consomme des terres agricoles et contribue aux déplacements en voiture individuelle. Une démarche écologique consiste à densifier les espaces déjà bâtis et à les rendre multi-fonctionnels (habitat et emploi) pour réduire le besoin de transports des habitants et préserver les espaces agricoles et de nature.
Développement d’une agriculture péri-urbaine par et pour les habitants
Les objectifs de CARMA
- CARMA pose la question de l’autonomie alimentaire des villes et propose de donner la priorité à la qualité des produits, cultivés sans engrais chimiques ni pesticides, qui sont toxiques pour les sols et nuisibles à la santé des agriculteurs et des consommateurs.
- CARMA repense l’économie du territoire pour la mettre au service des habitants, à partir des ressources locales, au lieu de concevoir des ZAC et de grandes infrastructures sans lien avec le territoire. Celles-ci sont coûteuses, destructrices de l’environnement, et souvent rapidement obsolètes. Le projet CARMA est un projet durable, offrant aux jeunes et aux personnes en reconversion des formations et des emplois pérennes et localisés.
- CARMA est un projet inscrit dans le réseau francilien des initiatives agricoles modernes, comme celles de Marcoussis, Courances, Villarceaux, etc. Il entre aussi en résonance avec les projets de Milan, de Barcelone et de Liège. Le Grand Paris se doit de résolument entrer dans le mouvement des métropoles en transition.
Des espaces agricoles et naturels à proximité des habitants, accessibles à tous.
Un projet local
Qui se soucie du climat et du bien-être des habitants? Au 20ème siècle l’urbanisation et l’industrialisation se sont développées de manière diffuse en utilisant les énergies fossiles vendues à bas coût. Leur raréfaction, les conséquences climatiques qu’elles induisent du fait de leur exploitation, obligent les décideurs à reconsidérer cette politique dispendieuse et irresponsable du point de vue climatique. Le développement anarchique des villes et villages repousse toujours plus loin la campagne rendant trop coûteux des systèmes collectifs de transports. Les espaces urbains artificialisés ont des températures de 2 à 3°C plus élevées que les espaces non bâtis qui les entourent.
CARMA vise à rétablir un équilibre entre espaces non bâtis, naturels ou agricoles, proches des habitants, et espaces bâtis denses et pluri-fonctionnels, mêlant habitats, entreprises de transformation (alimentaire et matériaux bio-sourcés), établissements d’enseignements modernes, commerces et activités de loisirs–nature à proximité, pour limiter les déplacements, dont ceux des week-ends pour la détente. L’équilibre ville-nature est indispensable aux habitants.
CARMA prône la planification d’espaces urbains densifiés et diversifiés qui permette de développer de riches espaces agricoles et de biodiversité dans lesquels il est bon de travailler, de jardiner, se promener ou développer des activités de pleine nature attractifs.
Schéma du cycle alimentaire développé autour du Triangle de Gonesse, puis sur le Pays de France
Un projet d’économie circulaire
En plus de contribuer à nourrir le territoire, le projet CARMA inclut le recyclage des déchets agricoles et alimentaires qui enrichiront les terres, sans besoin d’apports chimiques. Le soin apporté aux sols (permaculture, agroforesterie) permet de se passer de la plupart des pesticides employés dans l’agriculture industrielle. Le projet s’appuie sur la recherche agro-écologique.
CARMA favorise l’autonomie des habitants du territoire et valorise leur capacité à créer et inventer de nouvelles activités dans un monde où il faut répondre aux défis de la transition écologique. Le cycle production-transformation-distribution-consommation-recyclage contribue à la formation aux nouveaux métiers sur ces sujets innovants.