Emploi

La situation de l’emploi sur le territoire de CARMA

Le territoire dont s’occupe CARMA est constitué par la frange urbaine Nord de l’agglomération parisienne. A l’intérieur se trouve le cas particulier du territoire du « Grand Roissy », étant donnée l’importance du « pôle d’activité » de l’aéroport qui structure ce bassin. Nous le désignons comme un « pôle d’activité » et non comme un « pôle d’emploi » du fait de ses spécificités :

  • il offre une variété de métiers très limitée, soit environ 200 métiers sur plus de 10.000 répertoriés sur le territoire national. Il s’agit donc d’un pôle très spécialisé, axé principalement sur les métiers du transport aérien et des services induits, de la logistique, du commerce de gros et de la gestion;
  • ces emplois ne correspondent que rarement aux qualifications et compétences des habitants des communes voisines. Sur 80.000 emplois (chiffres 2013), seuls 14.400 sont pourvus par des actifs du « Grand Roissy »; ceci représente 5,4% seulement des travailleurs de ce territoire.
  • l’aire de recrutement de Roissy dépasse d’ailleurs largement l’Ile de France et s’étend sur 200 communes de l’Oise et de l’Ouest de l’Aisne…

Dans la douzaine de communes situées autour de l’aéroport, la crise industrielle a détruit de nombreux emplois (exemple de la friche PSA avec la suppression de 8000 emplois directs et 5000 en sous-traitance); une commune comme Aulnay sous Bois ne peut plus assurer l’équilibre entre nombres d’emplois et actifs. Dans les communes voisines le déséquilibre est encore plus prononcé: moins d’un emploi pour deux actifs (et même un emploi pour 3 actifs à Sevran).

Le pôle d’activité de Roissy ne constitue que très partiellement une source d’emplois pour les habitants de la périphérie Nord de Paris; la plupart des habitants sont contraints de chercher un emploi en proche couronne ou dans Paris intra-muros… (schéma Jacqueline Lorthiois / Luc Dupont)

Les habitants sont contraints de se déplacer souvent au loin, en première couronne ou jusqu’à Paris.

Ce schéma montre plusieurs choses :

  1. que les pôles soi-disant d’ “excellence” (la Défense et Roissy) avec lesquels les élus, les aménageurs et Europacity veulent relier le territoire ne lui servent que très peu et donc par conséquent le GPE (Grand Paris Express) qui relie ces grands pôles n’a qu’une utilité très réduite pour le territoire (ligne 17 Nord et barreau de Gonesse).
  2. que la politique de désertification économique des centre-villes au profit de grandes zones périphériques n’a pas permis de créer un emploi “sur place” suffisant, et que celui-ci reste encore à développer afin de supprimer “à la source” le besoin de transport.
  3. Que le véritable pôle interne du territoire reste Aulnay, malgré la récession qui a frappé durement la ville. Il faudrait absolument reconstituer ce pôle en remettant des activités industrielles (dont les transformations agro-alimentaires de CARMA) sur la friche PSA.

En conclusion de ces 3 points d’observation, un tiers seulement des actifs travaille en proximité. Il est possible d’augmenter très significativement ces emplois.

Note: Dans le bassin de main d’oeuvre du Grand Roissy (202.000 actifs et 104.000 emplois localisés sur le bassin), seule la commune d’Aulnay (28.300 emplois) parvient à maintenir un tissu de petites activités de centre-ville. Cf. ci-après…

Dans des communes moins « dortoirs » (par exemple Saint Quentin en Yvelines – Versailles, où 60% des actifs travaillent dans un rayon de 15Km), les emplois “présentiels” (cf. note ci-contre) peuvent représenter jusqu’à 25% de l’emploi dans les coeurs de ville.

Si l’on pouvait rétablir cet équilibre sur le territoire et ajouter à ce total la densification des activités dans les zones d’activités existantes (des milliers d’emplois supplémentaires sont possibles), nous pouvons espérer atteindre 50% d’emplois locaux.

Note: les emplois “présentiels” sont les activités liées à la présence des habitants aux heures “ouvrables” (journée). Exemples: coiffeur, cordonnier, libraire, médecin, etc. Quand les habitants travaillent loin et rentrent tard chez eux, ces emplois locaux ne peuvent se développer ou même survivre…

Restent les attractions vers Paris. Pour le moment, il est impossible d’envisager leur réduction rapide. Il n’y a que dans les pôles polyvalents qualifiés que l’on trouve d’importants besoins d’employés et d’ouvriers peu qualifiés (ce que n’offrent ni Roissy ni la Défense qui sont des pôles spécialisés, non polyvalents), correspondant à 20% des emplois. Rien que dans le Quartier Central des Affaires parisien (QCA sur le schéma), il y a 120 000 emplois peu qualifiés sur 620 000.

En conséquence il est préférable de favoriser des transports de rabattement vers le hub de St Denis Pleyel qui débouchera directement vers St Lazare, au cœur du QCA… (note complémentaire ci-contre)

Note… plutôt que le GPE que nous avons évoqué, qui n’intéresse pas les habitants du territoire. De même la création d’une gare « en pleins champs » et d’un nouveau pôle spécialisé (pas d’habitants) sur le Triangle de Gonesse est une hérésie. 

Il faut revenir au prolongement du T5 (Sarcelles-St-Denis) jusqu’à Villiers Le Bel et à la tangentielle Nord (tram-train intitulé « 11 express » dont seulement le tronçon Epinay-sur-Seine- Le Bourget est en service et qui devrait relier à terme les RER A, C, D, B et E) . Il faudrait aussi accélérer des projets de tramways du côté de la Seine-Saint-Denis.

A plus long terme, en améliorant le cadre de vie, on peut espérer diminuer le taux de rotation de la population, pour mener des actions de formation qualifiantes de la main-d’oeuvre. Dans l’état de volatilité actuel des populations il est difficile de mettre en place cette politique.

Les actions proposées par CARMA

L’enjeu essentiel est de reconstituer une « économie locale » et de rapprocher les emplois des lieux d’habitation, permettant de diminuer les besoins de transports lourds.

Mise en place d’un système de production local sur CARMA Pays de France au bénéfice des habitants du territoire. A partir des productions agricoles et forestières, s’élabore toute une économie locale tournée vers l’alimentation, la santé et la production de produits écologiques, notamment pour la construction. (schéma Luc Dupont)

L’espace agricole qui borde la ville constitue une ressource économique formidable ! Il ne reste qu’à l’exploiter et à re-développer toute une filière de transformation des productions agricoles (et forestières). Ceci concerne l’alimentation, le commerce, l’hôtellerie-restauration, mais aussi la santé et la production de matériaux pour la construction, comme les isolants végétaux (paille, chanvre, bois, etc.).

La transformation des produits agricoles / exemple d’une boulangerie

Les nouvelles activités liées à la transition écologique, à l’économie circulaire, à l’agro-écologie permettront d’élargir la gamme des métiers et d’offrir des emplois locaux, avec des niveaux de qualification diversifiés. Elles consolideront ainsi les professions aujourd’hui fragiles des villes comme les commerçants, les professionnels de santé, les artisans, les services de proximité, etc.

Les activités de la filière agricole sont « non délocalisables», et aussi génératrices d’emplois dans les centre-villes : restauration, industrie agroalimentaire, commerce de détail et logistique de proximité, cantines scolaires et d’entreprises, etc. 

Le développement économique local passe aussi, par exemple, par :

  • l’extension des principes de l’économie circulaire et de l’économie industrielle aux entreprises des zones d’activités existantes et projetées ;
  • la recherche d’un meilleur mix énergétique (potentiel de recyclage des déchets organiques)

Légumerie pédagogique de légumes biologiques en circuit courts à Saint-Herblain (architectes : Mabire-Reich)

Sur un territoire fragile, où l’emploi industriel s’est raréfié, une agriculture « dense en main-d’œuvre et à haut rendement au m2 » offre la formidable opportunité de reconstruire un tissu humain et économique viable. La richesse de notre pays s’est construite autrefois sur le formidable développement de ses productions agricoles. Il est urgent de reprendre ce chemin, ne serait-ce que pour répondre localement aux besoins immenses de l’agglomération parisienne.

Les emplois créés dans la filière “bio” / source WWF – Agence Bio