L’urbanisation du Triangle de Gonesse, un modèle économique dépassé, destructeur et suicidaire
La politique promise aujourd’hui au territoire du Triangle de Gonesse et ses alentours est catastrophique à plusieurs titres: nous avons évoqué les raisons environnementales, mais les conséquences humaines et sociales sont tout aussi désastreuses.
Il s’agit d’implanter ex-nihilo sur des terres agricoles une gare du Grand Paris Express, un centre d’affaires et un gigantesque centre de commerces et de loisirs ! Aucune de ces trois fonctions n’est destinée aux habitants du territoire et n’a été pensée avec eux :
- la gare, en pleins champs, est située à 2,5km de la Mairie de Gonesse, soit plus de 30 minutes à pied. Et la plupart des habitants sont situés à l’Ouest de la commune, desservie par la gare du RER D « Villiers le Bel – Gonesse – Arnouville ». Cette « future » gare est conçue pour relier prioritairement l’aéroport de Roissy à l’Est et la Défense à l’Ouest, avec une interconnexion pour Paris à Saint-Denis-Pleyel. Elle est clairement, et uniquement, destinée au centre d’affaires et au centre commercial. Sur la page consacrée à l’emploi (lien vers Domaines d’action de CARMA > Emploi ) nous montrons que les pôles d’activités très spécialisés de Roissy et de la Défense n’intéressent que très peu les habitants du territoire en terme d’opportunités d’emplois.
- le « centre d’affaires », qui entend concurrencer ou compléter la Défense, est destiné à des emplois de cadres qui viendront de Paris ou de la première couronne, avec des liens privilégiés vers l’aéroport de Roissy. Sa conception procède d’une vision très technocratique de l’aménagement du territoire, qui considère que l’économie du pays se construit sur des pôles élitistes répartis sur le territoire au gré des opportunités foncières et des atouts logistiques. C’est un modèle de développement hors-sol, apporté de l’extérieur, si besoin est contre les intérêts des populations locales…
- le « centre commercial et de loisirs » est destiné à de futurs visiteurs venant de Roissy ou de Paris; le concepteur ne s’en cache pas et se vante de la future liaison rapide du Grand Paris Express sur ces destinations. C’est un projet « somptuaire », de pure DEPENSE, comme aurait dit Marcel Mauss (ou Georges Bataille à sa suite), qui ne crée aucune richesse mais propose de dilapider la richesse collective… dans des activités lucratives privées ! Nous sommes loin en effet de l’esprit de la fête et de son sens premier, quand une collectivité dépensait le surplus de sa richesse, épisodiquement (moissons, vendanges, …), avec la participation des habitants… Ici nous sommes dans la « fête perpétuelle », quotidienne, mais chaque activité est payante, pour le profit d’un seul.
Les désordres apportés sur le territoire par ces 3 projets sont incommensurables :
- saccage de la première ressource locale, à savoir les terres agricoles parmi les meilleures d’Europe, qui autrefois nourrissaient Paris;
- destruction paysagère et enlaidissement d’un territoire fragile et déjà très abîmé par des constructions anarchiques, sans rapport avec leur environnement, souvent brutales;
- engorgement des réseaux de transports déjà saturés, auxquels il faudra ajouter des échangeurs supplémentaires;
- renforcement « de facto » du pôle de Roissy, ce qui est une erreur politique fondamentale pour un aéroport que l’on prévoit d’agrandir alors qu’il est d’ores et déjà en « zone urbaine » et fait subir des nuisances (bruit, pollution) à des centaines de milliers d’habitants. Faute d’avoir su protéger son périmètre de l’urbanisation, l’accroissement du trafic aérien de Paris ne peut désormais se faire qu’ailleurs.
Représentation schématique des principes économiques et humains mis en oeuvre dans les projets d’urbanisation des terres du Triangle de Gonesse.
Reprendre en main le développement économique, tenir compte des richesses d’un territoire, produire…
L’association CARMA s’oppose au modèle économique précédent qu’il juge destructeur. Sa proposition se fonde sur l’observation des atouts d’un territoire et de ses habitants, pour y développer des activités et produire de la richesse. Notre pays ne produit plus, ou de moins en moins; son économie est désormais spéculative, « financiarisée », il achète ses produits à l’étranger où il a externalisé sa production. Ce modèle n’agit que sur le court-terme et il est suicidaire sur le plus long terme; pire il procure le malheur de ses habitants. (Aujourd’hui, plus de 7 cadres sur 10 envisagent de quitter la région parisienne, essentiellement pour améliorer leur cadre de vie. Ce chiffre ne concerne pas que les cadres, mais ceux-ci ont plus facilement le choix de quitter la métropole).
CARMA s’intègre au territoire et n’ajoute aucune infrastructure lourde; elles sont déjà nombreuses, elles apportent des nuisances aux habitants, et obèrent leur faculté de tisser des liens Est-Ouest notamment. Les terres agricoles, plus grande richesse du territoire, sont donc sanctuarisées. Autour d’elles, dans un maillage fin et local, à l’intérieur des tissus existants qui comportent un grand nombre de bâtiments à réhabiliter, les habitants recréent un tissu économique à partir des produits agricoles cultivés localement. Et ils sont en capacité d’inventer, de créer de nouvelles activités en prise avec le territoire.
Le schéma de fonctionnement de CARMA est donc radicalement différent; c’est un réseau d’entreprises locales diffusé sur tout l’espace du territoire, lié aux centres de formation et de recherche situés à proximité.
Un tissu économique diffus et vivant, producteur de richesses…
La frange urbaine Nord de Paris ainsi transformée deviendra un véritable facteur d’attraction de la métropole, aussi bien pour ses habitants que pour ses visiteurs, comme l’ont montré les expériences à l’étranger (lien vers Ailleurs déjà > Métropoles mondiales ).
Pour mieux comprendre le projet proposé par CARMA, vous pouvez vous reporter aux différents thèmes des Domaines d’action de CARMA, relatifs notamment à l’agro-écologie, au patrimoine, à l’urbanisme et à l’emploi.
Mettons un frein à l’accumulation de nuisances, CARMA propose de remettre tout un territoire en mouvement.